1, 2, 3, 4, 5 doses et toujours rien chez des immunodéprimés … explication ?

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A retenir

  • L’activation rapide d’une réponse spécifique et efficace à une injection vaccinale nécessite un système immunitaire en bon état
  • Quand un principe thérapeutique ne procure aucun bénéfice à une population cible, il est important d’essayer de comprendre pour rectifier la stratégie
  • Tous les individus ne sont pas équivalents (âge, statut immunitaire, infections endémiques, comorbidité etc.) pour leur capacité à répondre de façon stéréotypée à une injection vaccinale

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Définition :

Immunodépression : Inhibition, d’un ou de plusieurs des composants des systèmes immunitaires innés ou adaptatifs, provoquée par une maladie (hémopathie, cancer…), une irradiation accidentelle ou induite intentionnellement par un traitement immunosuppresseur (dans le cadre par exemple du traitement du rejet d’une greffe ou celui d’une maladie auto-immune).

 

A-t-on confondu urgence et précipitation ?

Les injections de principes vaccinaux élaborés pour éduquer notre système immunitaire à réagir efficacement face à l’infection par le SARS-CoV-2, empêcher sa propagation dans la population générale et éviter le développement de la maladie COVID-19 ont débuté en janvier 2021 en France. Elles visaient pendant les premiers mois les populations classées comme étant les plus vulnérables, notamment selon un critère de l’âge. Mais, dès le mois de mai, conformément à un avis transmis un mois plus tôt par le Conseil d’Orientation de la Stratégie Vaccinale (COSV), la Direction Générale de la Santé (DGS) publiait une note urgente à destination des médecins, pharmaciens, infirmiers et sages-femmes indiquant que « l’injection d’une troisième dose de vaccin est nécessaire pour les personnes sévèrement immunodéprimées » [1].

Petit retour en arrière. A la suite des essais cliniques entamés par Pfizer, Moderna et Astra-Zeneca sur plus de 100 000 sujets volontaires, des autorisations temporaires ont été délivrées par les agences de santé à travers le monde pour l’injection de principes vaccinaux contre la COVID-19 sur des populations adultes. Parmi ces adultes, les personnes immunodéprimées et/ou recevant une chimiothérapie, une immunothérapie ou un traitement à base d’immunoglobulines ont néanmoins été exclues des essais cliniques. Cela n’a pas troublé un seul instant les agences gouvernementales de santé. La seule condition était que les principes vaccinaux n’incluent pas de virus vivants pour lesquels malheureusement les dangers sont largement documentés concernant les populations immunodéprimées. Ces sujets vulnérables, environ 300 000 en France, ont donc été ciblés très vite, sans aucune donnée médicale sur les effets des principes vaccinaux à ARN ou ADN. Au fur et à mesure du temps, les sujets immunodéprimés ont même été désignés comme cible prioritaire pour limiter la propagation du virus pathogène original et de ses variants successifs, au même titre que les personnes âgées de plus de 65 ans avec comorbidités. En effet, les cas cliniques se sont multipliés avec des indications d’apparitions inquiétantes de mutations du SARS-CoV-2 chez des sujets immunodéprimés. Il y aurait une forme d’évolution accélérée du virus qui profiterait d’un système immunitaire affaibli pour développer des stratégies d’échappement. Ces sujets immunodéprimés deviendraient alors des réservoirs susceptibles de générer des variants plus infectieux et plus virulents pour la population générale [2]. On a quand même eu l’idée lumineuse en mars 2021 d’évaluer, dans un essai observationnel, la réponse immune chez des patients traités en hématologie et immunodéprimés pour cause d’une maladie et/ou d’un traitement [3]. Cependant, sans attendre les résultats de ce genre d’études, l’état d’urgence décrété pour une expérimentation massive sur des personnes vulnérables pour lesquelles on n’aurait pas eu d’autres alternatives thérapeutiques se solde par un échec, en premier lieu pour les patients immunodéprimés.

Le 1er janvier 2022, le Journal du Dimanche relayait un appel au président Emmanuel Macron de 6 présidents d’association représentant des personnes immunodéprimées et l’exhortant à tout faire pour protéger les plus fragiles. « Monsieur le Président de la République, les personnes immunodéprimées sévères, qu’elles soient transplantées, dialysées, atteintes de certains cancers ou prenant certains traitements, sont actuellement en grand danger en raison de l’ampleur de la pandémie de Covid en France et de leur réponse nulle ou insuffisante à la vaccination. Dès à présent, elles représentent jusqu’à 30% des séjours en réanimation dans certains hôpitaux, alors qu’elles sont moins de 300.000 au total en France, et qu’elles ont d’ores-et-déjà reçu trois, quatre, voire cinq doses de vaccin [4]. « 

Les témoignages se sont multipliés de patients immunodéprimés, et parfois de leurs soignants, constatant une vulnérabilité toujours présente face aux différentes formes du SARS-CoV-2, en dépit d’injections obstinées. Celles-ci devaient pourtant, officiellement, constituer l’arsenal le plus sûr et le plus efficace pour éradiquer une maladie émergente.

Que se passe-t-il donc ? Est-ce de la désinformation, une désinvolture vis-à-vis d’une population fragile, de l’ignorance ? A-t-on encore des choses à apprendre sur les mécanismes de stimulation d’une réponse immunitaire adaptative dans un environnement particulier, des sujets avec en permanence un frein empêchant d’appuyer sur la pédale de l’accélérateur de l’activation immunitaire induite par une stimulation antigénique ?

Comme souvent, faire preuve d’humilité face aux lacunes de nos connaissances au milieu de la complexité du vivant devrait être prodigué…comme une piqûre de rappel. Aussi, il est peut-être utile de se demander ce qui se passe exactement chez les sujets immunodéprimés après l’injection d’une formule à ARN ou ADN. Plus précisément à l’endroit même où, en théorie, nos meilleurs fantassins seraient formés à reconnaître, isoler et neutraliser la menace terroriste du SARS-CoV-2 : les ganglions lymphatiques drainant le site d’injection du principe vaccinal. C’est à cet endroit que, dans un compartiment dénommé centre germinal, des plasmocytes, des sortes d’usines à produire des anticorps, et des lymphocytes B mémoires sont fabriqués en masse. Cette fabrication est orchestrée par des lymphocytes T folliculaires auxiliaires. Ce processus est décrypté par la prestigieuse revue Cell dans son édition en ligne du 1er février 2022 [5]. Des investigateurs américains ont ainsi utilisé une technologie couplant guidage par de l’imagerie à ultra-sons et aspiration avec une aiguille fine pour évaluer la réponse dans les centres germinaux générée par la libération de principes vaccinaux à ARN à proximité d’un ganglion lymphatique. La population ciblée était constituée de 15 sujets sains (23 à 76 ans) et 13 transplantés rénaux sous traitement immunosuppresseur qui présentaient avant transplantation une réponse anticorps normale pour les vaccinations anti-tétanique, oreillons, rubéole et rougeole. Comme attendu, dès la primo-injection, il a bien été observé une forte induction de lymphocytes B activés contre la glycoprotéine Spike du SARS-CoV-2, et en particulier de la partie de la glycoprotéine (le domaine de fixation au récepteur) qui interagit avec le récepteur à la surface de nos cellules épithéliales afin de permettre l’internalisation du virus. Cette induction était présente au niveau de centres germinaux de ganglions drainant le site d’injection chez les sujets sains, un processus amplifié lors de la deuxième injection. Cette réponse de cellules B spécifiques du SARS-CoV-2 était également associée à une induction robuste de lymphocytes T folliculaires auxiliaires, de lymphocytes B mémoires et d’anticorps neutralisants. En revanche, de façon très contrastée, chez les transplantés rénaux, au niveau des centre germinaux équivalents de ceux examinés chez les sujets sains, il n’était détecté que très peu de cellules B mémoires dirigées contre le domaine de fixation au récepteur de la glycoprotéine spike, qu’une quantité infime de lymphocytes T folliculaires auxiliaires et une quasi-absence d’anticorps neutralisant. Cette étude montre ainsi que les individus recevant des médicaments immunosuppresseurs ne génèrent pas de réponse efficace au processus de vaccination au niveau des ganglions drainant le site d’injection. Une réponse vaccinale suboptimale chez des sujets transplantés recevant un traitement immunosuppresseur avait déjà été signalée dans le cas de la grippe A/H1N1 ou de l’hépatite B [6,7].

Finalement, la population ciblée d’emblée comme ayant le plus besoin de la vaccination anti-COVID-19 est sans doute celle pour laquelle le processus fonctionne le moins bien. Vous aurez beau faire toutes les améliorations de moteur et fournir le meilleur carburant à une voiture, si elle n’a qu’une seule roue, elle aura beaucoup de mal à avancer. Pendant ce temps, on continue d’obliger les populations qui en ont le moins besoin ou pas besoin du tout de recevoir des principes vaccinaux dirigés contre une forme disparue de SARS-CoV-2. Encore une fois, il semble que ce ne soit pas la science qui guide les décisions gouvernementales. Pourquoi ?

 

Références

[1] https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/dgs_urgent_52_precisions_sur_la_vaccination_imd.pdf

[2] Corey L, Beyrer C, Cohen MS, Michael NL, Bedford T, Rolland M. SARS-CoV-2 Variants in Patients with Immunosuppression. N Engl J Med. 2021 Aug 5;385(6):562-566. doi: 10.1056/NEJMsb2104756. PMID: 34347959; PMCID: PMC8494465. https://www.nejm.org/doi/10.1056/NEJMsb2104756

[3] https://clinicaltrials.gov/ct2/show/NCT04805216

[4] https://www.lejdd.fr/Societe/Sante/covid-19-lappel-a-macron-des-patients-immunodeprimes-face-a-lhecatombe-qui-les-menace-4085515

[5] https://www.cell.com/cell/fulltext/S0092-8674(22)00138-6

[6] Cowan M, Chon WJ, Desai A, Andrews S, Bai Y, Veguilla V, Katz JM, Josephson MA, Wilson PC, Sciammas R, Chong AS. Impact of immunosuppression on recall immune responses to influenza vaccination in stable renal transplant recipients. Transplantation. 2014 Apr 27;97(8):846-53. doi: 10.1097/01.TP.0000438024.10375.2d. PMID: 24366008; PMCID: PMC4843769. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24366008/

[7] Friedrich P, Sattler A, Müller K, Nienen M, Reinke P, Babel N. Comparing Humoral and Cellular Immune Response Against HBV Vaccine in Kidney Transplant Patients. Am J Transplant. 2015 Dec;15(12):3157-65. doi: 10.1111/ajt.13380. Epub 2015 Jul 2. PMID: 26137874. https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/ajt.13380

 

Retro-transcription de l’ARNm du vaccin Pfizer/BioNtech : un début de preuve in vitro

 

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A retenir

  • L’ARNm du vaccin Pfizer peut être rétro-transcrit en ADN in vitro.
  • L’ARN du Sars-CoV-2 peut s’intégrer dans le génome de cultures cellulaires humaines in vitro.
  • Des ARNm, même étrangers et même artificiels peuvent être rétro-transcrits dans des cellules humaines en l’absence de tout virus.
  • Peut-être une piste de compréhension de cas d’hépatites auto-immunes à la suite de la vaccination anti-COVID-19 Pfizer

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Depuis la mise sur le marché conditionnelle des vaccins anti-Covid à ARNm, les médias mainstream et les médecins de plateaux télé se sont acharnés à affirmer que les vaccins à ARN messager ne pouvaient pas s’intégrer dans notre génome au motif que de l’ARN viral ne pouvait pas être retro-transcrit en ADN et par la suite être intégré à nos propres chromosomes.

Voici un extrait du Journal le Monde, qui aime à soi-disant « débusquer les contre-vérités » de l’équipe scientifique de Reinfocovid.

« Pour s’intégrer à notre ADN, il faudrait que cet ARN soit rétro-transcrit sous forme d’ADN », ce qui est du domaine de l’impossible. (Le monde 11 décembre 2020 : https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2020/12/11/ce-que-l-on-sait-de-la-surete-des-vaccins-a-arn-messager_6063067_4355770.html)

Nous avions expliqué dans un article sur les rétrovirus endogènes [1] que les scientifiques savent depuis déjà plusieurs décennies que l’ARN peut être rétro-transcrit en ADN par des rétrovirus endogènes ou des rétrotransposons.

Le vieux dogme, rabâché aux étudiants en biologie, voulant que l’ADN soit toujours transcrit en ARN mais que l’inverse est impossible, a donc déjà été invalidé par de nombreux scientifiques depuis longtemps.

Plus récemment, un article paru dans les comptes rendus de l’académie des sciences américaine (PNAS) en mai 2021 montrait déjà in vitro que l’ARN du Sars-CoV-2 lui-même pouvait s’intégrer dans le génome de culture cellulaire humaine et donc avait été rétro-transcrit en ADN. Un rétrotransposon, nommé LINE-1, était soupçonné d’être à l’origine de cette rétrotranscription et intégration dans le génome humain [2]. Nous en avions proposé une synthèse à l’époque [3]

 

Une nouvelle preuve est apportée par un article montrant que l’ARNm du vaccin Pfizer (pourtant dépourvu de rétrotranscriptase virale) peut être rétro-transcrit en ADN et que cet ADN est détectable dès 6h après l’ajout du vaccin dans les cultures cellulaires [4].

 

Cet article a testé des concentrations de vaccins similaires à celles anticipées in vivo dans le foie des personnes injectées sur des cultures cellulaires de cellules de foie cancéreuses. En effet, l’ARNm du vaccin ne « reste » pas au site d’injection mais se distribue dans une grande variété d’organes (dont le foie et les organes reproducteurs) comme nous l’avions déjà souligné dans un article précédent [5].

Cet article vient donc réaffirmer que des ARNm, même étrangers et même artificiels peuvent être rétro-transcrits dans des cellules humaines en l’absence de tout virus.

Cet article présente toutefois certaines limites :

  • Les expériences ont été réalisées in vitro sur une lignée de cellules tumorales de foie humain. Le comportement de cellules tumorales, du fait de l’accumulation de mutations et d’altérations chromosomiques, peut être différent des cellules saines.
  • En particulier, on ne peut pas être certain que l’expression de LINE -1 supposé responsable de la rétrotranscription soit exactement la même dans les cellules hépatiques normales ou cancéreuses.

Cela soulève tout de même un fort questionnement (a minima) sur la vaccination des personnes atteintes d’un cancer, particulièrement hépatique.

  • Le traitement statistique des données observées reste limité
  • Il serait intéressant de rechercher la présence d’ADN codant la spike dans le vaccin afin de certifier que l’ADN détecté ne provient pas d’impuretés d’ADN présentes dans le vaccin. En effet, dans le procédé de fabrication, d’une matrice d’ADN permet la synthèse d’ARNm qui est par la suite purifié. Dans le cas d’une détection d’ADN dans le vaccin Pfizer, l’hypothèse de la retro-transcription in vitro par les cellules humaines nécessiterait des compléments d’expérience pour ne pas être remise en cause.
  • Cet article ne montre pas que l’ARNm du vaccin rétro-transcrit en ADN est effectivement intégré au génome. Seul le séquençage du génome des cellules où l’ADN d’origine vaccinal a été détecté apportera une preuve formelle.

 

Cette observation offre, peut-être une piste de compréhension de cas d’hépatites auto-immunes à la suite de la vaccination anti-COVID-19 Pfizer [6]. En effet, l’expression de Spike rétrotranscrit dans le génome de cellules hépatiques pourrait entraîner la présentation de Spike sur les membranes de ces cellules, qui seraient alors reconnues comme étrangères par la réponse immunitaire anti-Spike générée par la vaccination, et détruites par le système immunitaire !

 

Cet article confirme donc à nouveau que l’ARN peut effectivement être rétro-transcrit en ADN, que cet ARN soit naturel (viral) ou vaccinal. La première étape, la rétrotranscription en ADN vient donc d’être démontrée in vitro. De futures recherches sont nécessaires pour confirmer si ce phénomène de rétrotranscription se produit également in vivo chez les personnes injectées au vaccin Pfizer ou Moderna. L’hypothèse de l’intégration des ARN vaccinaux dans le génome humain reste encore faible à ce jour sans toutefois être impossible. De nombreuses recherches doivent être menées pour confirmer ou infirmer cette hypothèse.

 

Malheureusement ni les laboratoires pharmaceutiques, ni les autorités de santé ne semblent s’intéresser à ce problème. En effet, les laboratoires pharmaceutiques n’ont réalisé aucun test de cancérogénicité et de reprotoxicité sur les vaccins à ARN messager. Ces tests n’ont d’ailleurs pas été requis par les autorités de santé qui les ont balayés d’un revers de main, écrivant dans la notice du produit : « Il n’est pas attendu que les composants du vaccin (lipides et ARNm) présentent un potentiel génotoxique. » [7]

Ne pouvant compter sur nos autorités de santé, nous espérons que des chercheurs indépendants puissent apporter des réponses sur l’épineuse question d’une potentielle intégration des ARN vaccinaux dans le génome humain dans un futur pas trop lointain.

 

Références

[1] http://4j3iuarrdt.preview.infomaniak.website/science/le-point-sur-les-retrovirus-endogenes/

[2] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33958444/

[3] http://4j3iuarrdt.preview.infomaniak.website/science/integration-de-larn-viral-sars-cov-2-dans-nos-chromosomes/

[4] Aldén, M.; Olofsson Falla, F.; Yang, D.; Barghouth, M.; Luan, C.; Rasmussen, M.; De Marinis, Y. Intracellular Reverse Transcription of Pfizer BioNTech COVID-19 mRNA Vaccine BNT162b2 In Vitro in Human Liver Cell Line. Curr. Issues Mol. Biol. 2022, 44, 1115-1126. https://doi.org/10.3390/cimb44030073

[5] http://4j3iuarrdt.preview.infomaniak.website/science/les-arnm-vaccinaux-atteignent-les-organes-reproducteurs/

[6] Bril, F.; Al Diffalha, S.; Dean, M.; Fettig, D.M. Autoimmune hepatitis developing after coronavirus disease 2019 (COVID-19) vaccine: Causality or casualty? J. Hepatol. 2021, 75, 222–224. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33862041/

[7] https://www.ema.europa.eu/en/documents/product-information/comirnaty-epar-product-information_fr.pdf

 

Un virus ? Quel virus ??

 

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A Retenir

  • Les virus font partie du vivant depuis toujours et pour toujours
  • Penser pouvoir créer un monde « zéro virus » est illusoire, et délétère à terme
  • Un virus s’adapte et établit un équilibre avec son hôte. Sinon, il disparaît.
  • Revenons au sens commun pour réagir de façon adaptée à ces crises sanitaires.

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Le savoir partiel fait peur

Homo sapiens est incontestablement l’espèce qui a le plus exploité son environnement. En quelques dizaines de milliers d’années, nous sommes passés de chasseurs-cueilleurs à des individus vivant dans des sociétés de plus en plus dépendantes de notre technologie. Ces dernières décennies ont vu d’importantes avancées scientifiques affiner les connaissances médicales, permettant la compréhension de nombreux phénomènes physiologiques. En particulier, la biologie moléculaire a permis la mise en évidence de nombreux processus génétiques impliqués dans diverses pathologies (cancers, maladies héréditaires, maladies infectieuses, etc.…). Aujourd’hui, suite à la syndémie de COVID-19, rares sont les humains qui n’ont pas entendu parler de virus, voire même du récepteur du SARS-CoV-2, ACE2, reconnu par la protéine de pointe « Spike »…

Cette nouvelle familiarité avec les virus à ARN, associée aux messages souvent alarmistes des politiciens sur la dangerosité potentielle de la maladie, a fait que nous connaissons désormais tous la capacité qu’ont les virus à ARN d’évoluer. Nous semblons être arrivés à un stade où, quand un pic épidémique disparaît, nous sommes tous dans l’angoisse de l’attente du variant suivant, qui risque cette fois-ci d’être « le bon ».

Cette peur récurrente n’est possible que parce qu’elle est entretenue socialement et médiatiquement, et parce que nous sommes tous devenus (un peu…) « virologues », et que nous comprenons les fondements de la dangerosité présentée comme extrême du SARS-CoV-2, qui nous est répétée en boucle. Dangerosité nécessitant donc les messages alarmistes diffusés… Cela semble une boucle sans fin, parce que nous « savons » ce qui se passe. Cependant, ce nouveau « savoir » est parcellaire, incomplet. La vision que nous avons est tellement focalisée sur la COVID-19 que nous ne réalisons pas à quel point ce virus n’est que l’un des très nombreux « voisins » de notre environnement quotidien. Nous ne réalisons pas que, comme tout autre être vivant, ce virus interagit avec ses hôtes, et participe même à notre évolution et adaptation dans le biotope global qu’est notre planète.

 

Le virus ? Oui, mais lequel ?

Un consortium international de chercheurs vient de publier un article dans le très respecté journal « Nature ». A la lumière des diverses épidémies ayant affecté l’humanité au cours du siècle passé (Grippe espagnole, SIDA, SARS, MERS, Ebola, COVID-19), ils ont décidé de clarifier ce que l’on sait vraiment de ces différents pathogènes, en particulier de leur nombre [1]. Pour cela, ils ont choisi de s’intéresser en particulier aux virus à ARN, tels le SARS-CoV-2, désormais connu de tous. La stratégie suivie a consisté à chercher parmi les séquences génétiques déjà disponibles (soit 5,7 millions d’échantillons, ce qui est néanmoins une infime proportion de toutes les séquences présentes sur la planète) celles qui comportent une séquence particulière appelée séquence de l’ARN polymérase dépendante de l’ARN. Il s’agit d’une enzyme indispensable aux virus à ARN tels les coronavirus pour amplifier leur propre génome. Ce criblage des séquences disponibles a conduit à l’identification de plus de 100 000 (131 957, pour être précis) nouveaux virus à ARN.

Ceci illustre une réalité que nous avons du mal à appréhender. Nous nous inquiétons d’un virus particulier parce qu’il a complètement désorganisé le quotidien de beaucoup de pays (en particulier les pays les plus développés) depuis maintenant deux années. Nous nous inquiétons de savoir s’il va revenir, s’il va être plus létal, si nous allons parvenir à l’éradiquer, etc. Nous devons comprendre que, quand bien même ce virus disparaîtrait, nous serions toujours en présence de très nombreux (innombrables, en fait) autres virus, possiblement pathogènes.

La densité NORMALE de particules virales dans l’air que nous respirons quotidiennement est de l’ordre de 1 à 6 millions par m³ [2]. Nous respirons environ 12 m3 d’air par jour, et avalons donc de ~10 à 60 millions de particules virales en 24h. Toutes ces particules virales ne nous rendent généralement pas malades. Non seulement vivons-nous généralement en « bonne entente » avec les virus, mais en plus, ces virus participent activement à notre propre évolution en tant qu’espèce. Notre génome, comme celui de tout autre espèce eucaryote (dont les cellules ont un noyau, contrairement par exemple aux bactéries ou aux… virus), contient de 5 à 10 % de séquences d’origine virale, qui ont au cours du temps activement participé à l’évolution de notre génome [3] Ceci est à comparer aux seuls 1 à 2 % de notre génome qui contiennent nos gènes [4].

Il est donc illusoire de penser que l’on puisse vivre dans un monde « zéro COVID », et encore moins dans un monde « zéro virus ». Parfois, la technologie pharmaceutique permet de développer des traitements afin de mieux résister aux virus qui affectent certaines populations (par exemple les trithérapies anti HIV), et c’est tant mieux lorsque ces traitements sont sûrs et éprouvés. Personne ne souhaite voir un proche succomber à une infection virale. C’est pourtant ce que nous connaissons chaque année, puisque 4 millions de personnes généralement âgées et/ou fragiles (comorbides) décédaient déjà chaque année d’infections respiratoires aiguës à travers la planète avant même l’arrivée de la COVID-19 [4].

La seule issue, qui a toujours été suivie bon gré mal gré par l’humanité (et les autres espèces) est l’adaptation et l’équilibre entre l’hôte et le pathogène, équilibre qui se traduit finalement en général par des symptômes bénins. Il semble que notre grande faiblesse aujourd’hui face au désordre planétaire provoqué par ce tout petit organisme de 0,000 000 15 mètre tienne paradoxalement à notre niveau de connaissances jamais égalé. Nous nous sommes convaincus que puisque nous pouvons désormais isoler, séquencer et caractériser un virus en quelques jours, et que nous disposons de technologies moléculaires permettant (a priori) d’élaborer en quelques mois une ou plusieurs formules vaccinales infaillibles et sans danger. Il nous suffirait de nous isoler et d’appliquer en continu des barrières physiques (masques etc…) en attendant de piquer le muscle deltoïde de l’humanité entière avec les injections salvatrices ultimes. Malheureusement, ces deux années nous ont démontré la naïveté de cette illusion. Ces nouveaux traitements apparentés à des traitements vaccinaux ne remplissent pas le cahier des charges qui leur a été assigné, seulement sont-ils capables de peut-être prolonger la vie de personnes déjà proches de la fin de leur existence, et de générer des évolutions virales qui entraîneront des échappements immunitaires de plus en plus nombreux…

D’autre part, gardons à l’esprit que si les épidémies ont toujours existé, elles sont de plus en plus fréquentes. Ceci est dû à nos habitudes de vie « modernes »:

1- Nous vivons de plus en plus serrés les uns sur les autres, donc les virus peuvent passer d’un hôte à l’autre plus facilement ;

2- Nous sommes de plus en plus fragiles (maladies « modernes » : obésité, diabètes, maladies cardio-vasculaires, etc…), ce qui facilite la prolifération virale sur ces terrains moins bien protégés ;

3- Nous entassons les animaux, qui peuvent être des réservoirs viraux (visons, porcs, volailles, etc…), les uns sur les autres dans nos élevages intensifs, ce qui facilite l’apparition de nouveaux pathogènes.

4- Nous traversons la planète de part en part en quelques heures, dispersant ainsi très efficacement nos virus.

 

Conclusion

Espérons que l’analyse des réponses « sanitaires » que nous avons vu fleurir au gré des montées et descentes de contaminations nous permettra de revenir à une certaine sérénité en cas de nouvelle crise:

– Tout d’abord, caractériser et protéger les populations à risque par des mesures de bon sens et volontaires;

– Ensuite, laisser les médecins prendre soin des malades, du mieux qu’ils le peuvent, quitte à repositionner des médicaments dont l’innocuité a déjà été démontrée et qui semblent prometteurs contre cette nouvelle pathologie ;

– Enfin, si le pathogène est effectivement particulièrement létal et ne peut être contrôlé, développons de nouveaux traitements, que nous validerons extensivement, et proposerons sur la base du volontariat. Quel malade refuserait un traitement sûr ?

– Et surtout, établissons un climat de confiance et de solidarité dans la population durant ces crises, plutôt que de bombarder des gens inquiets d’injonctions permanentes et contradictoires.

Notre gouvernement, comme beaucoup d’autres, a choisi de gérer cette épidémie comme une guerre, avec un état d’urgence sanitaire et toute une panoplie de lois et d’obligations. Il a choisi la politique du « quoi qu’il en coûte », et ça coûte en effet très cher ! (1.6 milliard d’euros rien que pour les tests en janvier 2022). Coût qui sera remboursé par nos enfants… Nous savons sans la moindre ambiguïté que l’énorme majorité des victimes sont des personnes âgées et/ou comorbides [5]. Espérons qu’un jour nos dirigeants investiront ne serait-ce que le dixième de cette somme afin de nous inciter à éviter les comorbidités, par une alimentation saine, des activités physiques régulières, et la possibilité de vivre sans stress permanent. Cela conduirait à une protection majeure de la population contre les maladies infectieuses mais aussi contre bien d’autres maladies.

Cette crise semble aujourd’hui avoir atteint son terme. Avant que la suivante, inévitablement, ne s’engage, espérons que l’on reprendra le fil de l’histoire, pour comprendre et analyser l’écart entre ce qui était espéré, imposé et ce qui est survenu hier, aujourd’hui, et l’impact sur notre vie de demain dans bien des domaines et pas que le seul domaine médical.

 

Références

[1] R. C. Edgar et al., “Petabase-scale sequence alignment catalyses viral discovery,” Nature, vol. 602, no. 7895, pp. 142–147, Feb. 2022, doi: 10.1038/s41586-021-04332-2.

[2] A. J. Prussin, E. B. Garcia, and L. C. Marr, “Total Concentrations of Virus and Bacteria in Indoor and Outdoor Air,” Environ. Sci. Technol. Lett., vol. 2, no. 4, pp. 84–88, Apr. 2015, doi: 10.1021/acs.estlett.5b00050.

[3] K. V. Chaitanya, “Structure and Organization of Virus Genomes,” in Genome and Genomics, Singapore: Springer Singapore, 2019, pp. 1–30. doi: 10.1007/978-981-15-0702-1_1.

[4] Ch. Lafaix and Ph. Reinert, “Morbidité et mortalité de l’infection respiratoire aiguë chez l’enfant de moins de 5 ans dans le monde,” Médecine et Maladies Infectieuses, vol. 27, pp. 507–512, May 1997, doi: 10.1016/S0399-077X(97)80105-9.

[5] L. Kompaniyets et al., “Underlying Medical Conditions and Severe Illness Among 540,667 Adults Hospitalized With COVID-19, March 2020–March 2021,” Prev. Chronic Dis., vol. 18, p. 210123, Jul. 2021, doi: 10.5888/pcd18.210123.

Quand le choix des chiffres nous éloigne de la réalité médicale

 

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A Retenir

  • Il ne faut pas confondre contagiosité et dangerosité
  • Il n’existe pas de relation arithmétique absolue reliant un taux de contagiosité et un taux de pathogénicité
  • Il est important de focaliser notre attention sur les populations à risque
  • Pour modéliser une maladie correctement il faut disposer de variables qui ont un sens biologique et médical

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Définitions :

Contagiosité : Qualité de ce qui est contagieux, c’est-à-dire qui se transmet par contagion. La contagion étant la transmission d’un agent infectieux qui peut se faire de façon directe, indirecte ou de façon mixte.

Pathogénicité : Pouvoir pathogène, capacité (d’un agent infectieux) de causer des troubles chez son hôte du fait de sa virulence (capacité à générer une maladie ou des atteintes à l’organisme) et de son invasivité (capacité à envahir les tissus des hôtes et à se multiplier à l’intérieur).

On peut alors se demander si tout ce qui est contagieux est nécessairement dangereux pour notre santé. En effet, beaucoup d’agents pathogènes vivent à l’état de parasites inoffensifs dans l’organisme d’individus bien portants. Une maladie très transmissible n’est donc pas forcément très pathogène. Le caractère dangereux d’un agent infectieux dépend à la fois de ses caractéristiques propres (variations de séquences génétiques par exemple pour SARS-Cov-2), mais également du milieu où il va se nicher et éventuellement se répandre et donc de la capacité de l’hôte à cohabiter avec lui plus ou moins en symbiose. Ainsi, les personnes les plus vulnérables sont celles dont le système immunitaire est suffisamment affaibli pour qu’il ne puisse pas garder sous contrôle un agent infectieux qui pourra causer une grave maladie alors que le même germe serait parfaitement bénin pour tout autre individu. Ainsi, on peut espérer qu’il ne viendrait pas à l’esprit de nos gouvernants de faire tester systématiquement la présence de la bactérie Escherichia Coli (E. coli) puisqu’elle est naturellement présente dans l’intestin de l’Homme et participe au bon fonctionnement du système gastro-intestinal. C’est ainsi qu’elle forme avec 400 autres espèces, un écosystème stable, essentiel au maintien d’une bonne santé. Néanmoins, toutes les souches d’E. coli sont pathogènes dans des localisations extra-intestinales et peuvent provoquer des infections urinaires, des méningites, abcès, péritonites, et même des septicémies. Autrement dit, en dehors des agents extrêmement pathogènes, on voit avec cet exemple qu’il ne suffit pas nécessairement de savoir si un agent infectieux est présent ou non chez un individu pour en déduire un risque de maladie plus ou moins grave ; encore faut-il connaître les caractéristiques de cet individu ainsi que la localisation exacte de l’agent infectieux. Donc, les chiffres du nombre d’individus positifs à un test naso-pharyngé, extrêmement médiatisés et martelés quotidiennement depuis plusieurs mois n’ont pas forcément un lien direct avec le nombre de personnes susceptibles de présenter une maladie plus ou moins grave. Ce qu’il faudrait savoir c’est plutôt la proportion et les caractéristiques (âge, sexe, facteurs de co-morbidité du COVID-19) des personnes positives à un test PCR ou antigénique et qui développent des symptômes invalidants. Il y a donc un choix de communication de focaliser l’attention sur des chiffres qui font que la France est quasiment devenue championne du monde du nombre de tests positifs au COVID-19 tandis que, heureusement, dans le même temps la proportion de personnes nécessitant une assistance médicale du fait de l’infection au SARS-CoV-2 n’est pas du tout corrélée.

 

« Le variant omicron est manifestement plus contagieux, manifestement pas plus dangereux, mais s’il se met à circuler beaucoup, on aurait des contaminations plus importantes encore qu’avec le variant actuel, ce qui veut dire que, proportionnellement, on finirait par avoir quand même beaucoup de formes graves » Olivier Véran, point presse du 6 décembre 2021.

On peut s’accorder sur le fait que les prévisions annoncées en décembre 2021 sur un tsunami de contaminations par le variant omicron en début d’année 2022 se sont avérées justes. Plus de 2,4 millions de cas positifs en une semaine ! Pour autant, et en toute proportionnalité, a-t-on vu une déferlante d’hospitalisations pour COVID-19 ? Ce n’est pas le cas, et on a plutôt une diminution du nombre de nouvelles admissions en services de soins critiques, dont près de 20 % sont officiellement reconnues par Santé Publique France comme « avec » COVID-19 (en fait, positives au SARS-CoV-2 mais sans symptome), et non « pour » COVID-19. Il est donc important de comprendre qu’il n’existe pas de relation de proportionnalité entre un taux de contagiosité et un taux de pathogénicité. Comme explicité précédemment, on peut très bien vivre avec un agent infectieux dans notre organisme tant qu’on le maintient sous contrôle. Par ailleurs, la gravité des symptômes induit par un agent infectieux n’est pas tant liée à sa quantité absolue mais plutôt à sa capacité à mettre en défaut des fonctions vitales, ce qui peut se faire de façon très localisée et pas nécessairement avec une concentration massive. Autrement dit, il n’existe pas de façon généralisée une relation linéaire entre le portage viral et les symptômes pathologiques alors qu’il existe bien dans le cas du SARS-CoV-2 un lien entre le portage viral et la transmissibilité [1].

 

Quelle est la réalité biologique sous-jacente au nombre de tests positifs ?

Lors de son adresse au Français du 24 novembre 2020, le président de la République fixait à 5000 contaminations par jour le seuil permettant de lever le confinement. Il fixait aussi un seuil de 2500 à 3000 personnes en réanimation. Si à la lumière des chiffres actuels de contaminations journalières, le premier seuil évoqué pourrait sembler ridiculement faible, il ne faut pas oublier qu’à l’époque il apparaissait élevé. Mais encore une fois, ce ne sont que des chiffres qui en l’occurrence ne veulent pas dire grand-chose. A minima, plutôt que d’évoquer en permanence des nombres absolus de tests positifs réalisés, il faudrait ne parler que du taux d’incidence. Mais l’on sait que les tests réalisés, PCR ou antigéniques, présentent un taux non-négligeable de faux positifs pour différentes raisons [2], que leur spécificité vis-à-vis du SARS-CoV-2 fait débat. On n’est donc jamais certain que tous les tests positifs identifient bel et bien la présence d’une entité virale active mais ce n’est finalement pas le plus important. Comme nous l’avons expliqué auparavant il n’y a pas, a priori, de lien biologique direct entre le taux d’incidence pour 100 000 habitants et la gravité de la situation sanitaire. Ce qui aurait un sens biologique et médical serait une communication qui relierait le taux d’incidence à la sévérité des symptômes par classe d’âge. Bien entendu, cette communication plus en phase avec une réalité médicale, permettrait de souligner la portion de la population qui nécessite le plus d’attention de la part des services de santé et de mieux répartir les efforts humains et financiers afin de soutenir les plus vulnérables. Actuellement des moyens colossaux sont mis en œuvre pour tester … essentiellement des personnes en bonne santé. N’y a-t-il pas là quelque chose qui ne tourne pas rond ?

 

Références

[1] Ke R, Zitzmann C, Ho DD, Ribeiro RM, Perelson AS. In vivo kinetics of SARS-CoV-2 infection and its relationship with a person’s infectiousness. Proc Natl Acad Sci U S A. 2021 Dec 7;118(49):e2111477118. doi: 10.1073/pnas.2111477118.

[2] Braunstein GD, Schwartz L, Hymel P, Fielding J. False Positive Results With SARS-CoV-2 RT-PCR Tests and How to Evaluate a RT-PCR-Positive Test for the Possibility of a False Positive Result. J Occup Environ Med. 2021;63(3):e159-e162. doi: 10.1097/JOM.0000000000002138.

 

Le point sur les effets indésirables après la dose de rappel des vaccins contre la Covid-19

 

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A Retenir

  • 33 % de évènements indésirables sont graves (soit environ 42 cas par million) après la dose de rappel par le vaccin Pfizer contre 26,1 % globalement
  • Les décès suspectés liés à la vaccination après la dose de rappel représentent 3,04 % (soit 3,86 cas par million) des évènements indésirables totaux contre 1,71 % quelle que soit la dose de vaccin Pfizer.
  • 24,1 % de évènements indésirables sont graves après la dose de rappel par le vaccin Moderna (soit 20,6 évènements graves par millions après dose de rappel) contre 17 % globalement
  • Les décès suspectés liés à la vaccination après la dose de rappel (soit 1,12 par million) représentent 1,31 % des évènements indésirables totaux contre 0,64 % quelle que soit la dose de vaccin Moderna.

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Vers une augmentation des évènements indésirables graves et des décès survenant après la dose de rappel ?

Vaccin Comirnaty de Pfizer

Concernant le vaccin Pfizer, au 3 janvier 2021, 2136 évènements indésirables dont 716 cas d’évènements indésirables graves ont été recensés soit 33 % [1].

La proportion d’évènements indésirables graves est donc plus élevée après la dose de rappel que celle rapportée globalement avec ce vaccin qui est de 26,1% [2].

Concernant les décès suspectés liés à la vaccination, ceux-ci représentent 3,04 % des évènements indésirables (soit 3,86 décès suspects par millions) survenus après la dose de rappel alors qu’ils représentent 1,71 % des événements indésirables totaux après le vaccin Pfizer.

Il y a donc :

– 42 cas d’évènements indésirables graves par million de dose de rappel pour le vaccin Pfizer

– 3,86 cas de décès suspectés liés à la vaccination par million de dose de rappel pour le vaccin Pfizer

 

Vaccin Spikevax de Moderna

Concernant le vaccin Moderna, au 31/12/2021, il y avait 456 cas d’évènements indésirables, dont 110 graves (soit 24,1%) avec 6 décès suspectés liés à la dose de rappel [3] soit également :

– 20,6 évènements graves par millions après dose de rappel

– 1,12 décès suspects par million après dose de rappel

 

La proportion d’évènements indésirables graves est plus élevée, 24,1%, après la dose de rappel que celle rapportée globalement avec ce vaccin qui est de 17 %.

Concernant les décès suspectés liés à la vaccination, ceux-ci représentent 1,31 % des évènements indésirables survenus après la dose de rappel alors qu’ils représentaient 0,64 % de événements indésirables totaux.

 

Références

[1] https://ansm.sante.fr/uploads/2022/01/07/20220107-covid-19-vaccins-focus-pfizer-dose-de-rappel-2.pdf

[2] https://ansm.sante.fr/uploads/2021/12/21/20211221-covid-19-vaccins-rapport-pv-pfizer-19-2.pdf

[3] https://ansm.sante.fr/uploads/2022/01/07/20220107-covid-19-vaccins-moderna-dose-de-rappel.pdf

Le Quid du vaccin Vaxzevria ?

Ce que la notice fabricant précise et ce que l’on doit lire avant de se faire vacciner

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A Retenir

  • La Notice Fabricant AztraZeneca ne conseille ce vaccin que pour les plus de 18 ans
  • Il n’existe aucune donnée sur l’interchangeabilité de Vaxzevria avec d’autres vaccins COVID-19 pour compléter le schéma de vaccination.
  • Les individus ayant reçu une première dose de Vaxzevria doivent recevoir une deuxième dose de Vaxzevria afin que le schéma de vaccination soit complet.
  • Certains cas de thromboses post-vaccinales ayant conduit à une issue fatale ont été identifiés par le fournisseur

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Le vaccin Vaxzevria produit par AstraZeneca est un adénovirus de chimpanzé codant pour la glycoprotéine Spike du SARS-CoV-2 (ChAdOx1-S). Ce vaccin est donc constitué d’un autre virus (de la famille des adénovirus) qui a été modifié de façon à contenir le gène permettant de produire une protéine spike.

Ce document est basé sur la notice d’information de l’utilisateur, aussi appelée résumé des caractéristiques du produit (RCP) et accessible sur le site de l’EMA (European Medecine Agency).

Une autorisation de mise sur le marché « conditionnelle » a été délivrée pour ce médicament. Cela signifie que des preuves supplémentaires concernant ce médicament sont attendues. L’Agence européenne des médicaments (EMA) réévaluera toute nouvelle information sur ce médicament au moins chaque année et la notice sera mis à jour si nécessaire (p 12).

Date de première autorisation : 29 janvier 2021

Date du dernier renouvellement : 9 novembre 2021

1. A quelle population s’adresse le vaccin Vaxzevria ?

Vaxzevria est indiqué pour l’immunisation active afin de prévenir la COVID-19 causée par le SARS-CoV-2 chez les personnes âgées de 18 ans et plus (p2).

– Personnes âgées : Aucun ajustement posologique n’est nécessaire (p3)

– Population pédiatrique : la tolérance et l’efficacité de Vaxzevria chez les enfants et les adolescents (âgés de moins de 18 ans) n’ont pas encore été établies. Aucune donnée n’est disponible (p3).

 

2. A partir de quand faire la deuxième dose ?

La notice d’information de l’utilisateur précise que :

– La seconde dose doit être administrée entre 4 et 12 semaines (28 à 84 jours) après la première dose (p2).

 

3. A partir de quand faire la troisième dose ?

Le fournisseur ne précise rien concernant une troisième dose. Il est toutefois précisé que :

Le schéma de vaccination par Vaxzevria comprend l’administration de deux doses distinctes. La seconde dose doit être administrée entre 4 et 12 semaines (28 à 84 jours) après la
première dose.

 

4. Peut -on changer de marque de vaccin au cours des injections ?

Il n’existe aucune donnée sur l’interchangeabilité de Vaxzevria avec d’autres vaccins COVID-19 pour compléter le schéma de vaccination. Les individus ayant reçu une première dose de Vaxzevria doivent recevoir une deuxième dose de Vaxzevria afin que le schéma de vaccination soit complet (p 3).

 

5. Interactions avec d’autres médicaments et autres formes d’interactions

Aucune étude d’interaction n’a été réalisée. L’administration concomitante de Vaxzevria avec d’autres vaccins n’a pas été étudiée. (p 5)

 

6. Quels sont les effets secondaires identifiés et suivis dans la notice fabricant ?

– Hypersensibilité et anaphylaxie (p 3)

Des cas d’hypersensibilité ont été rapportés. Il convient de toujours disposer d’un traitement médical approprié et de surveiller le sujet vacciné en cas de survenue d’une réaction anaphylactique suite à l’administration du vaccin. Une surveillance étroite pendant au moins 15 minutes est recommandée après la vaccination. La seconde dose de vaccin ne doit pas être administrée chez les personnes ayant présenté une réaction anaphylactique après la première dose de Vaxzevria.

– Réactions liées à l’anxiété

Des réactions liées à l’anxiété, dont des réactions vasovagales (syncope), une hyperventilation ou des réactions liées au stress peuvent survenir lors de la vaccination reflétant une réaction psychogène à l’injection via l’aiguille.

 

– Affections concomitantes (p 4)

La vaccination doit être reportée chez les personnes présentant une affection fébrile aiguë sévère ou une infection aiguë.

 

– Troubles de la coagulation

  1. Syndrome thrombotique thrombocytopénique: Un syndrome thrombotique thrombocytopénique (STT), dans certains cas accompagnés de saignements, a été très rarement observé suite à la vaccination par Vaxzevria. Il s’agit de cas graves se présentant sous forme de thromboses veineuses concernant des localisations inhabituelles telles que des thromboses des sinus veineux cérébraux, des thromboses veineuses splanchniques ainsi que des thromboses artérielles, concomitantes à une thrombocytopénie. Certains cas ont eu une issue fatale. La majorité de ces cas est survenue dans les trois premières semaines suivant la vaccination. Les taux de déclaration des cas après la deuxième dose sont plus faibles qu’après la première dose.

Le STT nécessite une prise en charge clinique spécialisée. Les professionnels de santé doivent consulter les recommandations en vigueur et/ou consulter des spécialistes (par exemple, des hématologues, des spécialistes de la coagulation) pour diagnostiquer et traiter cette affection.

  1. Thromboses des veines et des sinus cérébrovasculaires : Des événements de thromboses des veines et des sinus cérébrovasculaires sans thrombocytopénie ont été très rarement observés suite à la vaccination par Vaxzevria. Certains cas ont eu une issue fatale. La majorité de ces cas sont survenus dans les quatre premières semaines suivant la vaccination. Cette information doit être prise en compte pour les personnes présentant un risque accru de thromboses des veines et des sinus cérébrovasculaires. Ces événements peuvent nécessiter des approches de traitement différentes de celles du STT et les professionnels de la santé doivent consulter les recommandations en vigueur.
  2. Thrombocytopénie : Des cas de thrombocytopénie, y compris de thrombocytopénie immunitaire (TPI), ont été rapportés après l’administration de Vaxzevria, généralement au cours des quatre premières semaines suivant la vaccination. Très rarement, ils présentaient des taux très faibles de plaquettes (<20 000 par microlitre) et/ou étaient associés à des saignements. Certains de ces cas sont survenus chez des personnes ayant des antécédents de thrombocytopénie immunitaire. Des cas ayant eu une issue fatale ont été rapportés. Si une personne présente des antécédents de troubles thrombocytopéniques, tels qu’une thrombocytopénie immunitaire, le risque de survenue de faibles taux de plaquettes doit être pris en compte avant l’administration du vaccin et une surveillance des plaquettes est recommandée après la vaccination.

Les professionnels de santé doivent être attentifs aux signes et symptômes de thromboembolie et/ou de thrombocytopénie. Les personnes vaccinées doivent être informées de consulter immédiatement un médecin si elles développent des symptômes tels qu’un essoufflement, une douleur thoracique, un gonflement des jambes, une douleur au niveau des jambes ou une douleur abdominale persistante après la vaccination. En outre, toute personne présentant des symptômes neurologiques, notamment des maux de tête sévères ou persistants, une vision floue, une confusion ou des convulsions après la vaccination, ou présentant des saignements spontanés, des ecchymoses (pétéchies) à distance du site d’injection quelques jours après la vaccination, doit rapidement consulter un médecin.

Les personnes chez qui une thrombocytopénie a été diagnostiquée dans les trois semaines suivant la vaccination par Vaxzevria, doivent faire l’objet d’une recherche active de signes de thrombose. De même, les individus qui présentent une thrombose dans les trois semaines suivant la vaccination doivent être évalués pour une thrombocytopénie.

 

– Risque de saignements lié à l’administration par voie intramusculaire (p 5):

Comme pour les autres injections par voie intramusculaire, le vaccin doit être administré avec prudence chez les personnes recevant un traitement anticoagulant ou présentant une thrombopénie ou tout autre trouble de la coagulation (telle que l’hémophilie) car un saignement ou une ecchymose peut survenir après une administration intramusculaire chez ces personnes.

 

– Syndrome de fuite capillaire

Des cas très rares de syndrome de fuite capillaire (SFC) ont été rapportés dans les premiers jours suivant la vaccination par Vaxzevria. Des antécédents de SFC ont été signalés dans certains cas. Une issue fatale a été rapportée. Le SFC est un trouble rare caractérisé par des épisodes aigus d’œdème affectant principalement les membres, une hypotension, une hémoconcentration et une hypoalbuminémie. Les patients présentant un épisode aigu de SFC à la suite de la vaccination doivent faire l’objet d’un diagnostic et d’une prise en charge rapide. Un traitement en soin intensif est généralement justifié. Les personnes ayant des antécédents connus de SFC ne doivent pas être vaccinées avec ce vaccin.

 

– Evènements neurologiques

Des cas très rares de syndrome de Guillain-Barré (SGB) ont été rapportés dans les suites d’une vaccination par Vaxzevria. Les professionnels de santé doivent être attentifs aux signes et symptômes du SGB afin d’en confirmer le diagnostic et d’initier une prise en charge spécialisée associée à un traitement approprié et d’exclure d’autres causes.

 

7. Quelles sont les types de personnes / populations qui n’ont pas été testées et pour lesquelles la notice fournisseur ne conseille pas la vaccination ?

Personnes immunodéprimées (p 5)

L’efficacité, la tolérance et l’immunogénicité du vaccin n’ont pas été évaluées chez les sujets

immunodéprimés, y compris ceux recevant un traitement immunosuppresseur. L’efficacité de Vaxzevria peut être diminuée chez les sujets immunodéprimés (p 5).

 

Grossesse (p 6)

L’expérience est limitée sur l’utilisation de Vaxzevria chez les femmes enceintes.

Les études chez l’animal n’indiquent pas d’effets délétères directs ou indirects sur la grossesse, le développement de l’embryon et du fœtus, la mise-bas ou le développement post-natal.

L’administration de Vaxzevria au cours de la grossesse doit être envisagée seulement si les bénéfices potentiels l’emportent sur les risques potentiels pour la mère et le fœtus.

 

Allaitement :

Le passage de Vaxzevria dans le lait maternel n’est pas connu.

Dans les études chez l’animal, un passage des anticorps anti-SARS-CoV-2 S par le lait maternel a été observé de la souris allaitante aux petits allaités (p 6).

 

Fertilité (p 6)

Les études chez l’animal n’indiquent pas d’effets délétères directs ou indirects sur la fertilité.

 

8. Durée de la protection et limite de l’efficacité du vaccin ?

La durée de protection conférée par le vaccin n’est pas établie et est toujours en cours d’évaluation dans les essais cliniques (p 5).

Les sujets commencent à être protégés environ 3 semaines après la première dose de Vaxzevria. Néanmoins, ils ne seront pas protégés de façon optimale avant un délai de 15 jours suivant l’administration de la seconde dose. Comme avec tout vaccin, il est possible que les personnes vaccinées par Vaxzevria ne soient pas toutes protégées (p 5).

 

Pour aller plus loin ?

L’EMA conclut cependant dans un document daté de novembre 2021 que :

« Vaxzevria offre un bon niveau de protection contre le COVID-19 qui est un besoin critique dans le contexte actuel pandémie. Les principaux essais ont montré que le vaccin a une efficacité d’environ 60 %. La plupart des effets secondaires sont légers modérément sévères et disparaissent en quelques jours.

L’Agence européenne des médicaments a décidé que les bénéfices de Vaxzevria sont supérieurs à ses risques et qu’il peut être autorisé pour une utilisation dans l’UE. »

 

Références

Notice fabricant Vaxzevria :

https://www.ema.europa.eu/en/documents/product-information/vaxzevria-previously-covid-19-vaccine-astrazeneca-epar-product-information_fr.pdf

EMA sur ce vaccin:

https://www.ema.europa.eu/en/documents/overview/vaxzevria-previously-covid-19-vaccine-astrazeneca-epar-medicine-overview_en.pdf

EMA sur le booster hétérogène :

https://www.ema.europa.eu/en/news/ema-ecdc-recommendations-heterologous-vaccination-courses-against-covid-19-mix-match-approach-can-be

Vaccin et traitement de la Covid-19 : Un plaidoyer pour la transparence des données

 

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A Retenir

  • UN MANQUE CONSTANT D’ACCÈS AUX DONNÉES COMPLETES DES ESSAIS CLINIQUES

Le manque d’accès aux données est constant chez tous les fabricants de vaccins : les fabricant de vaccins ne donneront leurs données que lorsque le médicament aura obtenu une autorisation de mise sur le marché standard.

  • UN ACCES AUX DONNÉES DANS DES DÉLAIS INACCEPTABLES

Les essais de vaccins n’ont pas été conçus pour tester l’efficacité contre l’infection et la transmission du SRAS-CoV-2 : si cette données avait été connue du grand public et des décideurs politiques, les décisions personnelles et politiques auraient certainement été différentes.

  • LES INDUSTRIES PHARMACEUTIQUES FONT PARTIE DES INDUSTRIES LES MOINS FIABLES

Les firmes médicamenteuses sont régulièrement condamnées au civil et au pénal pour des infractions graves telles que la corruption, la falsification de données et la fraude.

 

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« Le but des autorités de réglementation n’est pas de danser au rythme des riches entreprises mondiales et de les enrichir davantage ; il est de protéger la santé de leurs populations. »

 

Un article paru le 19 janvier dans le British Medical Journal [1] prône un accès transparent aux données des essais cliniques ayant permis la mise sur le marché conditionnelle ou en urgence des vaccins et des médicaments anti-covid. En effet, les chercheurs indépendants et le public n’ont accès qu’aux seuls résultats que veulent bien fournir les laboratoires pharmaceutiques. Dans l’intérêt général des population, il serait nécessaire que ces données puissent être revues de manière indépendante par les chercheurs.

 

Traduction littérale de l’article du BMJ

Doshi P, Godlee F, Abbasi K. Covid-19 vaccines and treatments: we must have raw data, now BMJ 2022; 376 :o102 doi:10.1136/bmj.o102

Les données doivent être entièrement et immédiatement disponibles pour un examen public

Dans les pages du BMJ, il y a dix ans, en plein milieu d’une autre pandémie, il est apparu que les gouvernements du monde entier avaient dépensé des milliards de dollars pour stocker des antiviraux contre la grippe dont il n’avait pas été démontré qu’ils réduisaient le risque de complications, d’hospitalisations ou de décès. La majorité des essais à l’origine de l’autorisation réglementaire et du stockage par les gouvernements de l’oseltamivir (Tamiflu) étaient parrainés par le fabricant ; la plupart n’ont pas été publiés, ceux qui l’ont été ont été écrits par des rédacteurs payés par le fabricant, les personnes citées comme auteurs principaux n’ont pas eu accès aux données brutes et les universitaires qui ont demandé l’accès aux données pour une analyse indépendante se sont vu refuser l’accès.

La saga du Tamiflu a marqué le début d’une décennie d’attention sans précédent à l’importance du partage des données des essais cliniques. Les batailles publiques pour les données des entreprises pharmaceutiques, les campagnes de transparence avec des milliers de signatures, le renforcement des exigences de partage des données des revues, les engagements explicites des entreprises à partager les données, les nouveaux portails d’accès aux données sur Internet et les politiques de transparence historiques des autorités de réglementation des médicaments sont autant de promesses d’une nouvelle ère de transparence des données.

Des progrès ont été réalisés, mais ils sont manifestement insuffisants. Les erreurs de la dernière pandémie sont en train de se répéter. Les mémoires sont courtes. Aujourd’hui, malgré le déploiement mondial des vaccins et des traitements contre la Covid-19, les données anonymes sur les participants qui sous-tendent les essais de ces nouveaux produits restent inaccessibles aux médecins, aux chercheurs et au public – et il est probable qu’elles le resteront pendant des années encore. C’est moralement indéfendable pour tous les essais, mais surtout pour ceux qui impliquent des interventions majeures de santé publique.

 

Un retard inacceptable

L’essai pivot du vaccin contre le covid a été financé par Pfizer et conçu, mené, analysé et rédigé par des employés de Pfizer. La société et les organismes de recherche sous contrat qui ont mené l’essai détiennent toutes les données. Et Pfizer a indiqué qu’elle ne commencera pas à répondre aux demandes de données sur l’essai avant mai 2025, soit 24 mois après la date de fin de l’étude principale, qui est indiquée sur ClinicalTrials.gov comme étant le 15 mai 2023 (NCT04368728).

Le manque d’accès aux données est constant chez tous les fabricants de vaccins. Moderna déclare que les données « pourraient être disponibles … avec la publication des résultats finaux de l’étude en 2022 ». Les ensembles de données seront disponibles « sur demande et sous réserve d’examen une fois l’essai terminé », dont la date de fin principale est estimée au 27 octobre 2022 (NCT04470427).

Au 31 décembre 2021, AstraZeneca pourrait être prêt à répondre aux demandes de données de plusieurs de ses grands essais de phase III. Mais l’obtention effective des données pourrait prendre du temps. Comme l’explique son site Internet, « les délais varient selon les demandes et peuvent prendre jusqu’à un an après la soumission complète de la demande « .

Les données sous-jacentes aux produits thérapeutiques covid-19 sont également difficiles à trouver. Les rapports publiés sur l’essai de phase III de Regeneron concernant son anticorps monoclonal REGEN-COV indiquent clairement que les données relatives aux participants ne seront pas mises à la disposition d’autres personnes. Si le médicament est approuvé (et pas seulement autorisé en urgence), le partage « sera envisagé ». Pour le remdesivir, les US National Institutes of Health, qui ont financé l’essai, ont créé un nouveau portail pour partager les données (https://accessclinicaldata.niaid.nih.gov/), mais l’ensemble de données proposé est limité. Un document d’accompagnement explique : « L’ensemble de données longitudinales ne contient qu’un petit sous-ensemble des objectifs du protocole et du plan d’analyse statistique. »

Nous nous retrouvons avec des publications mais aucun accès aux données sous-jacentes sur demande raisonnable. Cette situation est inquiétante pour les participants aux essais, les chercheurs, les cliniciens, les rédacteurs en chef des revues, les décideurs politiques et le public. Les revues qui ont publié ces études primaires peuvent faire valoir qu’elles ont été confrontées à un dilemme délicat, entre la mise à disposition rapide du résumé des résultats et le respect des meilleures valeurs éthiques qui soutiennent un accès rapide aux données sous-jacentes. Selon nous, il n’y a pas de dilemme : les données individuelles anonymisées des participants aux essais cliniques doivent être mises à disposition pour un examen indépendant.

Les rédacteurs de revues, les examinateurs systématiques et les rédacteurs de guides de pratique clinique n’obtiennent généralement pas grand-chose de plus qu’une publication dans une revue, mais les organismes de réglementation reçoivent des données beaucoup plus granulaires dans le cadre du processus d’examen réglementaire. Pour reprendre les termes de l’ancien directeur exécutif et médecin-conseil de l’Agence européenne du médicament, « s’appuyer uniquement sur les publications d’essais cliniques dans les revues scientifiques pour prendre des décisions en matière de soins de santé n’est pas une bonne idée… ». Les organismes de réglementation des médicaments sont conscients de cette limite depuis longtemps et obtiennent et évaluent systématiquement la documentation complète (plutôt que les seules publications). »

Parmi les organismes de réglementation, la Food and Drug Administration des États-Unis est censée recevoir le plus de données brutes mais ne les publie pas de manière proactive. Suite à une demande de liberté d’information adressée à l’agence pour obtenir des données sur les vaccins de Pfizer, la FDA a proposé de publier 500 pages par mois, un processus qui prendrait des décennies, arguant devant les tribunaux que la publication des données était lente en raison de la nécessité d’expurger au préalable les informations sensibles. Ce mois-ci, cependant, un juge a rejeté l’offre de la FDA et a ordonné que les données soient publiées à raison de 55 000 pages par mois. Les données doivent être mises à disposition sur le site web de l’organisation requérante (https://phmpt.org/).

En publiant des milliers de pages de documents sur les essais cliniques, Santé Canada et l’EMA ont également apporté un degré de transparence qui mérite d’être reconnu. Jusqu’à récemment, cependant, les données étaient d’une utilité limitée, avec de nombreuses rédactions visant à protéger la procédure d’aveugle dans les essais. Mais les rapports d’étude comportant moins de rédactions sont disponibles depuis septembre 2021, et les annexes manquantes peuvent être accessibles par le biais de demandes de liberté d’information.

Malgré tout, quiconque recherche des ensembles de données au niveau des participants risque d’être déçu, car Santé Canada et l’EMA ne reçoivent ni n’analysent ces données, et il reste à voir comment la FDA répond à l’ordonnance du tribunal. De plus, la FDA ne produit des données que pour le vaccin de Pfizer ; les données des autres fabricants ne peuvent être demandées tant que les vaccins ne sont pas approuvés, ce qui n’est pas le cas des vaccins Moderna et Johnson & Johnson. L’industrie, qui détient les données brutes, n’est pas légalement tenue d’honorer les demandes d’accès des chercheurs indépendants.

À l’instar de la FDA, et contrairement à ses homologues canadiens et européens, l’organisme de réglementation britannique – la Medicines and Healthcare Products Regulatory Agency – ne publie pas de manière proactive les documents relatifs aux essais cliniques, et il tarde également à publier sur son site Web les informations communiquées en réponse aux demandes de liberté d’information.

 

Transparence et confiance

Outre l’accès aux données sous-jacentes, la transparence du processus décisionnel est essentielle. Les régulateurs et les organismes de santé publique pourraient publier des détails tels que la raison pour laquelle les essais de vaccins n’ont pas été conçus pour tester l’efficacité contre l’infection et la propagation du SRAS-CoV-2. Si les régulateurs avaient insisté sur ce résultat, les pays auraient appris plus tôt l’effet des vaccins sur la transmission et auraient pu planifier en conséquence.

Les grandes entreprises pharmaceutiques sont l’industrie la moins fiable. Au moins trois des nombreuses entreprises fabriquant les vaccins covid-19 ont déjà fait l’objet de jugements pénaux et civils qui leur ont coûté des milliards de dollars. L’une d’entre elles a plaidé coupable de fraude. Aujourd’hui, la pandémie de Covid a créé de nombreux nouveaux milliardaires de l’industrie pharmaceutique et les fabricants de vaccins ont engrangé des dizaines de milliards de dollars de revenus.

Le BMJ soutient les politiques de vaccination fondées sur des preuves solides. Alors que le déploiement mondial des vaccins se poursuit, il n’est ni justifiable ni dans l’intérêt des patients et du public de nous laisser faire confiance au « système », avec l’espoir lointain que les données sous-jacentes puissent faire l’objet d’un examen indépendant à un moment donné dans le futur. Il en va de même pour les traitements contre la Covid-19. La transparence est la clé pour établir la confiance et une voie importante pour répondre aux questions légitimes des gens sur l’efficacité et la sécurité des vaccins et des traitements, ainsi que sur les politiques cliniques et de santé publique établies pour leur utilisation.

Il y a douze ans, nous avons demandé la publication immédiate des données brutes des essais cliniques. Nous réitérons cet appel aujourd’hui. Les données doivent être disponibles lorsque les résultats des essais sont annoncés, publiés ou utilisés pour justifier des décisions réglementaires. Il n’y a pas de place pour les exemptions de bonnes pratiques en cas de pandémie. Le public a payé pour les vaccins Covid-19 grâce à un vaste financement public de la recherche, et c’est le public qui assume l’équilibre entre les bénéfices et les risques qui accompagnent la vaccination. Le public a donc le droit d’accéder à ces données, ainsi qu’à leur examen par des experts.

Les entreprises pharmaceutiques engrangent d’énormes bénéfices sans que leurs allégations scientifiques ne fassent l’objet d’un examen indépendant adéquat. Le but des autorités de réglementation n’est pas de danser au rythme des riches entreprises mondiales et de les enrichir davantage ; il est de protéger la santé de leurs populations. Nous avons besoin d’une transparence totale des données pour toutes les études, nous en avons besoin dans l’intérêt du public, et nous en avons besoin maintenant.

 

Références

[1] https://www.bmj.com/content/376/bmj.o102

Écouter cet article en audio (mp3)

 

Que sait-on de l’efficacité du port du masque facial ? Quel masque choisir ? Quand le porter ?

 

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A retenir

  • Il n’existe à l’heure actuelle pas de preuve robuste de l’efficacité du port du masque facial (tissu, chirurgical, FFP) à réduire la contagiosité virale. Leur efficacité n’est d’ailleurs pas testée sur les virus. Cependant les organismes ayant réalisé des métanalyses et revues systématiques tendent vers une absence d’efficacité et recommandent le port pour les personnes symptomatiques ou en situation d’exposition à des personnes à risque.
  • Avant d’envisager l’utilisation d’un masque facial dans un cadre professionnel, on privilégie toujours les équipements de protection collective et on ne réserve les équipements de protection individuelle que dans les cas où on ne peut pas faire autrement.
  • Des mesures en vie réelle devraient être effectuées afin d’adapter des équipements collectifs performants en milieu recevant du public (aération, filtration et / ou traitement d’air, etc…).
  • Le port de masque peut être remplacé par des autotests systématiques (pas de cumul).
  • On doit s’efforcer de limiter l’emploi des appareils de protection respiratoire à des situations de travail courtes et exceptionnelles, et tenir compte de la gêne.
  • Les masques faciaux de type FFP ont une efficacité de 24 h et leur port doit être limité à 8h en 1 seule fois du fait du risque de colmatage.
  • Pour qu’un masque de type FFP2 soit performant (94% de réduction de la pénétration des aérosols), il faut limiter au maximum les fuites au visage, ne pas le toucher (risque de contamination), le porter le moins longtemps possible (risque de colmatage) et éviter son port en cas de rythme d’activité plus élevé (gêne physiologique).

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Les personnes infectées par un virus respiratoire propagent des particules virales dans l’air lorsqu’elles toussent ou éternuent. Ce sont ces réflexes automatiques qui propagent les virus respiratoires sous forme de gouttelettes et aérosols.

Le port d’un masque facial a été imposé comme une évidence depuis deux ans pour réduire la contagion mais que savons nous réellement sur son efficacité ? Quand choisir le port du masque ? Quelles sont les conditions d’une utilisation optimale ?

 

1. Qu’en est-il réellement des preuves d’efficacité du port du masque facial individuel (chirurgical ou FFP2) dans le plan de gestion de risque sanitaire ?

La fondation COCHRANE s’est saisie de l’évaluation de l’efficacité du port du masque chirurgical et FFP2 à réduire la propagation des virus respiratoires. C’est le seul organisme indépendant de reconnaissance internationale qui évalue des pratiques de santé au moyen de meta-analyses et revues systématiques, afin de fournir aux gestionnaires et décideurs des informations impartiales pour faire des choix difficiles. Ils ont recherché et analysé les études disponibles. Avec un degré de confiance faible à modéré dans leur qualité, le résultat en novembre 2020 est décevant puisque, que ce soit pour le masque chirurgical ou le FFP2, le port du masque ne fait probablement aucune différence sur le nombre de personnes contaminées [1].

On peut légitimement s’étonner du manque d’intérêt mondial pour des études robustes et indépendantes à un moment sans précédent de l’histoire de l’humanité où le port du masque facial dans les lieux publics et privés s’est répandu comme un même (un mème est un élément d’une culture pouvant être considéré comme transmis par répétition d’un individu à l’autre par imitation) avec des conséquences psychiques incommensurables notamment sur les enfants et les adolescents et plus généralement dans notre relation à l’Autre.

A ce jour, que ce soit pour la population générale ou pour les travailleurs de la santé, la Cochrane n’a pas pu mettre à jour ces données faute de nouvelles preuves et elle appelle à des études de meilleure qualité afin qu’un consensus émerge à ce sujet.

On peut cependant trouver une mise à jour régulière des études portant sur l’efficacité du port du masque facial sur le site SWISS POLICY RESEARCH.

Suite à son étude de 2019, l’OMS ne recommande le port du masque que pour les personnes symptomatiques (qui toussent et éternuent) : « Pour les personnes asymptomatiques, le port d’un masque, quel qu’il soit, n’est pas recommandé. Le port de masques médicaux lorsqu’ils ne sont pas indiqués peut entraîner des coûts inutiles et une charge d’achat et créer un faux sentiment de sécurité qui peut conduire à négliger d’autres mesures préventives essentielles » [2] . Il a été admis que l’OMS a dû réorienter sa politique de masques faciaux non pas sur des éléments de preuves scientifiques mais du fait d’un lobbying politique (réf. dans le document du Swiss Policy Research [3]) et a présenté la généralisation du port du masque comme un outil destiné à rassurer le public et donner le sentiment de participer à un effort collectif.

 

 

Quelles sont les recommandations de l’INRS sur le port du masque respiratoire en milieu de travail ? [4]

 

De très nombreux français se voient contraints tout au long de leur activité professionnelle de la journée au port permanent du masque facial. Ils le portent ensuite dans les transports en commun et dans des activités extra professionnelles. Mais qu’en est-il réellement de l’état de l’art et des recommandations de l’INRS au sujet de cet équipement ?

L’INRS (Institut national de recherche et de sécurité) dans le cadre de sa mission a produit des documents sur la définition et l’utilisation des masque en milieu professionnel bien avant l’épidémie. L’institut rappelle qu’avant de recourir au port du masque ou tout autre équipement de protection individuelle (EPI), il est indispensable de mettre en œuvre des solutions de préventions collectives (EPC). Le port d’équipements individuels ne peut servir de réponse à un manque d’installation collective efficiente de renouvellement d’air. Ce n’est que lorsque ces mesures collectives sont techniquement impossibles à mettre en place, insuffisantes ou nécessitent un délai d’application que l’EPI est nécessaire.

De nombreux appareils de protection respiratoire ont été conçus par les fabricants pour s’adapter à un domaine précis, restreint et il est important de respecter le choix au cas par cas et de l’utiliser correctement et conformément à son usage prévu et évalué par le fabricant.

Avant d’instaurer un port étendu et permanent, des campagnes de mesures de particules virales dans l’air sont un bon indicateur qui devrait être généralisé par tout décideur et gestionnaire en charge du risque. Il faut déjà que la concentration en poussière ou aérosol soit au-delà de 4 fois la concentration admissible pour adopter un appareil de type demi masque filtrant à usage unique FFP1 et 10 fois la Valeur limite admissible pour porter un demi-masque filtrant de type FFP2.

Concernant le risque de COVID qui est une maladie à virus respiratoire aigue, il s’agit de se protéger de bioaérosols c’est-à-dire une suspension de particules biologiques solides dans un milieu gazeux ayant une chute négligeable (les virus survivent dans des gouttelettes expectorées en suspension de moins de 100 µm).

Faute de mesures d’exposition en vie réelle qui pourraient enrichir la connaissance et caractériser ce risque biologique, la généralisation du port du masque est une réponse systématique mal évaluée et dont l’analyse bénéfice/risque globale n’a pas été faite ni revue.

Le port du masque facial, qui est un appareil filtrant à ventilation libre, épure l’air ambiant contaminé et apporte une protection au porteur individuellement. Le principe est le piégeage des particules. L’efficacité globale dépend de l’efficacité du filtre mais également de l’efficacité de l’étanchéité (fuite au visage). Les filtres sont constitués de fibres et sont éventuellement équipés d’une soupape.

En Europe, il existe trois classes d’efficacité pour les filtres anti-aérosol FFP (filtering facepiece particles) :

  • FFP1 qui arrête 80% des aérosols
  • FFP2 qui arrête 94% des aérosols
  • FFP3 qui arrête 99,5% de aérosols

 

Brochure INRS 2019 [4]

Ils correspondent à la norme NF EN 149+A1. Leur performance est basée sur la filtration d’un aérosol de chlorure de sodium (0.6 µm) et d’un aérosol d’huile de paraffine (0.4 µm).

Les filtres (EN143) qui ont conservé leur efficacité 24 heures sur les tests de performance sont marqués R (réutilisables) sinon NR (Non Réutilisables) et leur durée maximale d’utilisation, unique, est de 8h/jour. Au fur et à mesure, les filtres anti-aérosols se colmatent et l’apparition d’une gêne respiratoire est le premier signe du colmatage même s’il n’est pas toujours significatif.

 

La fuite au visage pour les masques FFP1 ne doit pas dépasser 22%, 8% pour un FFP2 et 2% pour un FFP3.

Le port de barbe, cheveux, lunettes, une surface de peau irrégulière, les difficultés de communication, la durée du port, les autres équipements à privilégier, les contraintes thermiques et physiologiques doivent être prises en compte dans le choix du masque. Le choix d’un masque est un choix adapté à chaque porteur individuellement.

Les demi-masques filtrants plus contraignants deviennent inconfortables lorsqu’ils sont correctement portés plus d’une heure. En cas de rythme de travail élevé, cette durée est encore plus réduite. Il est recommandé pour les durées de port supérieures à une heure d’utiliser des appareils de filtration à ventilation assistée.

Les appareils entravent la communication et le son est amorti. Le fait de parler dans un demi masque filtrant peut nuire à l’étanchéité et augmente le débit d’air.

Il est important de réduire le temps de port quand la température ambiante augmente et aménager des temps de repos confortables.

Le port d’un appareil de protection reste une gêne par rapport à la respiration libre.

 

Quand mettre un masque ? quel masque choisir ? Masque chirurgical ou masque FFP2 ?

 

Tout d’abord, on ne porte pas un masque par principe de précaution mais dans une situation d’exposition réelle à un risque (activités médicales et paramédicales) ou basé sur des mesures démontrant la présence de bio-aérosols. Si des autotests sont systématiquement réalisés, le port du masque peut être évité par exemple. Le personnel devrait être éduqué à se responsabiliser plutôt que d’être contraint sans discernement : en cas de symptômes, des solutions alternatives devraient être privilégiées : autotest, arrêt de travail, changement de poste, isolement, télétravail. Le port devrait tenir compte des périodes à risque (grippes saisonnières), de la densité de population importante et de la durée de séjour dans un lieu fermé et mal ventilé.

Il est indispensable d’impliquer les futurs utilisateurs dans le processus de choix du masque le mieux adapté. Tout d’abord il est indispensable de s’assurer que des solutions de préventions collectives sont mise en œuvre (ventilation, humidité contrôlée, renouvellement de l’air intérieur suffisant) car celles-ci doivent être privilégiées avant d’instaurer un équipement individuel.

Les leçons de cette crise devraient porter sur l’installation d’Equipements de Protection Collectives appropriés et permanents dans les locaux recevant du public voire les rendre obligatoires, d’autant qu’un air sain réduit considérablement les problèmes de propagations d’agents infectieux mais aussi d’allergies et d’exposition aux Composés Organiques Volatils (COV) et autres substances toxiques.

D’autre part, on doit s’efforcer de limiter l’emploi des appareils de protections respiratoires à des situations de travail courtes et exceptionnelles (risque élevé de contamination) car le port d’un appareil présente toujours une contrainte d’utilisation physiologique, d’autant que la protection est souvent limitée dans le temps.

Une seule taille de masque ne peut pas convenir à toutes les morphologies de visage.

Si le choix d’une plus haute protection de type FFP2 est envisagée, le port doit respecter les recommandations suivantes :

Vérifier si le masque est réutilisable ou non, temps de port défini et limité dans le temps, pas de fuite au visage au risque de perdre son efficacité pour un coût rendu supérieur sans compter l’impact environnemental, courroies ajustées. Si l’étanchéité ne peut être obtenue (barbe, cheveux, forme inadaptée, peau irrégulière, lunettes), le masque ne devrait pas être porté et une autre solution devrait être proposée (autotest). Dans le cas de rythmes de travail élevés augmentant le besoin en oxygène conduisant à des fuites dues à des pressions négatives à l’intérieure de la pièce faciale, il est important de respecter un port limité à des tâches à risque de contamination avérées et en respectant un repos toutes les heures et même moins. Une alternative coût/bénéfice/confort devrait être envisagé chez les personnes ayant la nécessité de parler (autotest en période épidémique). Dès que l’inconfort est signalé par les porteurs, une autre solution devrait être envisagée et mise en place.

 

Références

Cochrane :

[1] https://www.cochrane.org/CD006207/ARI_do-physical-measures-such-hand-washing-or-wearing-masks-stop-or-slow-down-spread-respiratory-viruses

OMS :

[2] https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/331215/WHO-2019-nCov-IPCPPE_use-2020.1-eng.pdf

Swiss Policy research :

[3] https://swprs.org/face-masks-and-covid-the-evidence/

Brochure INRS 2019 :

[4] https://www.inrs.fr/media.html?refINRS=ED%206106

 

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Parrallèle entre pourcentage de vaccinations et magnitude des pics épidémiques Omicron

 

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A Retenir

  • Certains pays ont été plus affectés par l’arrivée du variant Omicron que d’autres
  • Le nombre de cas par million d’habitants semble lié au pourcentage de la population complètement vaccinée
  • Ceci va dans le sens d’un échappement immunitaire des vaccinés face à ce variant

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Observations

Entre le 15 novembre 2021 et aujourd’hui (22 janvier 2022), le variant Omicron a progressivement pris la place du variant Delta dans de nombreux pays. On observe que dans l’ensemble, plus un pays a vacciné sa population, plus le nombre de cas détectés par million d’habitants est important. Ainsi, la France, le Royaume Uni et l’Italie, parmi les pays les plus vaccinés, sont ceux qui ont eu les pics les plus larges. Les USA, moins vaccinés, connaissent un pic un peu moins marqué à ce jour. Seuls le Canada et l’Allemagne semblent en partie échapper à cette corrélation :

– Cela s’explique en partie pour l’Allemagne, très vaccinée, et peu affectée par Omicron, par la relativement faible proportion d’Omicron présente en Allemagne (30 % au 22 janvier) comparé aux autres pays, qui sont à plus de 80 %.

– Le Canada, très vacciné, est également moins affecté par le variant Omicron, pourtant prédominant au Canada. C’est la seule exception observée sans apparente raison… ?

Tous les autres pays observés, bien qu’ayant également une proportion d’Omicron très élevée, sont peu voire très peu vaccinés, et sont de façon très notable peu _ou pas_ affectés en comparaison des pays très vaccinés. Cela est vrai également pour l’Afrique du Sud, pourtant la première touchée par Omicron, qui a connu un pic de cas inférieur à 400 cas/million d’habitants, contre 2500 à 5000 cas/million d’habitants pour les pays très vaccinés et pour lesquels le variant Omicron est dominant.

 

Conclusion

Il est frappant de constater que, dans les pays où Omicron est devenu largement majoritaire, le nombre de cas détectés par millions d’habitants reflète le taux de vaccination dans ces pays : plus les pays sont vaccinés, plus on dénombre de cas par million d’habitants. Ceci indique un probable échappement immunitaire dû à la vaccination, qui facilite les infections, ainsi que cela a récemment été démontré au Danemark [1].

Il s’avère donc que la vaccination est contre-productive, au moins en ce qui concerne la sensibilité à l’infection par le variant Omicron.

 

Pourcentage de la population complètement vaccinée

Nombre de cas par million d’habitants

Proportion variant Omicron

 

Références

[1] F. P. Lyngse et al., “SARS-CoV-2 Omicron VOC Transmission in Danish Households,” Infectious Diseases (except HIV/AIDS), preprint, Dec. 2021. doi: 10.1101/2021.12.27.21268278.

 

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La haute transmissibilité de omicron résulte d’un échappement immunitaire dû à la vaccination

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A Retenir

  • Une personne non-vaccinée a le même risque d’être contaminée par Omicron, variant devenu majoritaire, qu’une personne doublement vaccinée, mais 2 fois plus qu’une personne fraîchement triple vaccinée
  • Par contre, une personne triplement vaccinée à près de 3,7 fois plus de risques de transmettre Omicron que Delta, contre 1,2x pour les non-vaccinés

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Présentation de l’étude

Ce récent travail interdisciplinaire (preprint déposé le 27 décembre 2021, [1]) impliquant le Ministère de la Santé Danois a consisté à suivre 11937 foyers danois composés de 2 à 6 personnes. Parmi ces foyers, 2225 comprenaient une personne contaminée par le SARS-CoV-2 variant Omicron, et les 9712 autres comprenaient une personne contaminée par le SARS-CoV-2 variant Delta. Les auteurs ont étudié dans quelle mesure chacune des personnes initialement contaminées transmettait (ou pas) le virus dont elle était porteuse aux autres membres du même foyer. Ces contaminations intrafamiliales ont été étudiées en fonction des statuts vaccinaux à la fois des personnes initialement contaminées et des personnes secondairement infectées.

Ceci a permis de tirer les conclusions suivantes :

1- Une personne non-vaccinée a pratiquement le même risque d’être contaminée par Omicron qu’une personne doublement vaccinée (1,04x contre 1x pour la doublement vaccinée), mais 2 fois plus qu’une personne triplement vaccinée (1,04 contre 0,54 fois).

2- Les personnes non-vaccinées étaient 2,31 fois plus à risque d’être contaminées par le variant Delta que les personnes vaccinées, et 6 fois plus à risque que les personnes triplement vaccinées (2,31 contre 0,38 fois) (Fig. 1).

Figure 1 : Risque, selon le statut vaccinal et par rapport à un double vacciné, d’être contaminé par Omicron (ou Delta). Deux seringues : schéma de vaccinal complet. Trois seringues : rappel (« booster », ou troisième dose).

3- Les personnes non vaccinées transmettent seulement 1,41 fois plus SARS-CoV-2 (quel que soit le variant) que les personnes ayant un schéma vaccinal complet. Ceci est en contradiction avec l’étude de l’institut Pasteur qui avaient modélisée que les non-vaccinés seraient 4 à 10 fois plus contagieux que les personnes vaccinées 2 doses [2].

4- Les personnes doublement vaccinées (qui sont utilisés comme référence dans cette étude) ont 2,6 fois plus de risque d’être contaminée par omicron par rapport au variant delta. Ainsi, de façon inquiétante, une personne triplement vaccinée a près de 3,7 fois[3] plus de risques d’être contaminée par Omicron que par Delta, alors qu’une personne non vaccinée à seulement 1,17 fois[4] plus de risques de l’être (Fig. 2). Cela signifie qu’il y a un échappement vaccinal du variant Omicron : les vaccins sont beaucoup moins efficaces sur Omicron que sur Delta.

[3] 3,7 = 2,6*(0,54/0,38) [4] 1,17 = 2,6*(1,04/2,31

 

Figure 2 : Risque, selon son statut vaccinal, d’être contaminé par Omicron par rapport au risque d’être contaminé par Delta.

 

Conclusion

Mises ensemble, ces données démontrent que la vaccination entraîne un échappement immunitaire du variant Omicron, résultant en une importante augmentation de la circulation de ce variant chez les vaccinés par rapport au variant Delta, et ce d’autant plus que les vaccinés ont reçu une troisième dose.

Ceci est confirmé par le fait que les auteurs démontrent que le taux d’infection secondaire (capacité de transmettre le virus) est similaire chez les non-vaccinés pour Delta et pour Omicron (1,17 fois plus élevé pour Omicron que pour Delta), alors que chez les vaccinés/triple vaccinés il est respectivement de 2,6 et 3,7 fois plus élevé pour Omicron que pour Delta. La capacité accrue d’Omicron de se propager par rapport à Delta, ce qui nous est quotidiennement asséné comme une réalité intrinsèque de ce variant viral, est principalement le résultat de l’échappement immunitaire résultant de la vaccination.

Étant donné d’une part le très faible avantage de la vaccination complète sur la protection contre la contamination par Omicron (1,04 fois plus en défaveur des non vaccinés), d’autre part l’échappement immunitaire entraîné par la vaccination et enfin l’effet transitoire de cette dernière, l’intérêt réel du passe vaccinal souhaité par nos politiciens se pose de plus en plus crûment.

 

Références

[1] F. P. Lyngse et al., “SARS-CoV-2 Omicron VOC Transmission in Danish Households,” Infectious Diseases (except HIV/AIDS), preprint, Dec. 2021. doi: 10.1101/2021.12.27.21268278. https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2021.12.27.21268278v1

[2] P. Bosetti et al., « Epidemiology and control of SARS-CoV-2 epidemics in partially vaccinated populations: a modeling study applied to France » preprint, https://hal-pasteur.archives-ouvertes.fr/pasteur-03272638v2